vendredi 22 janvier 2010

LA DECLARATION DE MATSHUSHITA

Nous allons gagner et l'Occident industriel va perdre: Vous n'y pouvez plus grand-chose, parce que c'est en vous-mêmes que vous portez votre défaite. Vos organisations sont tayloriennes ; mais le pire, c'est que vos têtes le sont aussi. Vous êtes totalement persuadés de faire bien fonctionner vos entreprises en distinguant d'un côté les chefs, de l'autre les exécutants; d'un côté ceux qui pensent, de l'autre ceux qui vissent.


Pour vous, le management c'est l'art de faire passer convenablement les idées des patrons dans les mains des manoeuvres.


Nous, nous sommes post-tayloriens: nous savons que le business est devenu si compliqué, si difficile et la survie d'une firme si problématique, dans un environnement de plus en plus dangereux, inattendu et compétitif, qu'une entreprise doit chaque jour mobiliser toute l'intelligence de tous pour avoir une chance de s'en tirer. Pour nous, le management, c'est précisément l'art de mobiliser et d'engerber toute cette intelligence de tous, au service du projet de l'entreprise.


Parce que nous avons pris, mieux que vous, la mesure des nouveaux défis technologiques et économiques, nous savons que l'intelligence de quelques technocrates, si brillants soient-ils, est dorénavant totalement insuffisante pour les relever. Seule l'intelligence de tous ses membres peut permettre à une entreprise d'affronter les turbulences et les exigences de son nouvel environnement. C'est pour cela que nos grandes sociétés donnent trois ou quatre fois plus de formation à tout leur personnel que ne le font les vôtres; c'est pour cela qu'elles entretiennent en leur sein un dialogue et une communication si denses, qu'elles sollicitent sans cesse les suggestions de tous et surtout qu'elles demandent, en amont au système éducatif national de leur préparer toujours plus de bacheliers, de généralistes éclairés et cultivés, terreau indispensable à une industrie qui doit se nourrir d'intelligence permanente.


Vos "patrons sociaux", souvent gens de bonne volonté, croient qu'il faut défendre l'homme dans l'entreprise. Réalistes, nous pensons à l'inverse qu'il faut faire défendre l'entreprise par les hommes et que celle-ci leur rendra au centuple ce qu'ils lui auront donné. Ce faisant, nous finissons par être plus "sociaux" que vous."
 
C'est en 1988 qu' Hervé SERIEYX rédige et publie cette déclaration dans un un grand hebdomadaire national en se faisant passer pour  Konosuke Matsushita le fondateur de PANASONIC, considéré au Japon comme " le génie du management".
 
A l'époque, le but de SERIEYX est de faire réagir, de faire prendre conscience. Ce subtil stratagème est significatif de l'état d'esprit des responsables de l'époque vis à vis du management, et SERIEYX savait que la même déclaration publiée par un occidental n'aurait eu aucun écho.   
 
En procédant de cette façon, celle-ci fit grand bruit en France, dans les entreprises et dans les services, et même chez les responsables étatiques, dans un contexte de bouleversement profond lié à la mondialisation.
   
Depuis beaucoup de choses ont évolué, dans les entreprises et les services, beaucoup de choses vont encore changer la situation actuelle parle d'elle même.
 
Et si une nouvelle fois nous portions encore en nous mêmes notre défaite ?... 
 
Pour l'administration et les services, une chose est sûre, si nous continuons à faire ce que nous savons faire, nous aurons ce que l'on a toujours eu...
 
Evident mais tellement vrai.



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